From 3 roues vers le monde

Recit: LaCampagnePéruvienne

La Campagne Péruvienne : La Paz - Cusco ( 27 Juin – 6 Juillet )

Lundi 27 Juin :

Avant de commencer ce nouveau récit, voici la photo de la douche du tandem à La Paz !

Nous sommes arrives hier à Copacabana, une ville Bolivienne situées sur la rive Sud du lac Titicaca, près de la frontière avec le Pérou. Le lac Titicaca est le plus haut lac navigable du monde, situé à 3810m d’altitude, et couvrant une surface de 8 500km² (200km par 65km).

En route nous avons croisé Atahualpa, le dernier chef Incas avant l’invasion Espagnole:

Aujourd’hui, nous partons en bateau découvrir l’Isla del Sol (Ile du Soleil). Après environ deux heures, nous arrivons au Nord de l’île.

Ici, les enfants ne vont pas toujours à l’école mais sont déjà experts pour amarrer les bateaux de gringos qui arrivent tous les matins.

Ils s’occupent aussi des vaches (avec quelques difficultés).

Ou encore vendent des petits colliers en gardant un chevreau.

Selon une croyance Andine, cette île est le lieu de naissance du soleil, ainsi que de Manco Capac et de Mama Ocllo, le père et la mère de tous les Incas. Ce fut donc le centre des cultures Incas et pré-Incas. Les habitants locaux sont les Aymaras (de Puno jusqu’à La Paz). L’Aymara est aussi une langue toujours parlée, comme l’est le Quechua de Puno jusqu’à Cuzco et plus au Sud de la Bolivie. Nous rencontrons sur notre chemin la pierre sacrée, sur laquelle avaient lieu à cette époque des sacrifices de jeunes filles, en offrande à la Pachamama. Aujourd’hui, seuls des lamas sont sacrifiés pour le solstice d’hiver, les croyances catholiques ferventes se mêlant aux traditions Incas.

Nous partons ensuite en direction du Sud de l’île par un sentier qui longe la crête. Les panoramas sur le lac sont très beaux mais les 3 péages pour parcourir à pied les 11km du sentier, ainsi que les locaux qui nous harcèlent pour qu’on leur achète ou donne quelque chose gâchent le plaisir. La somme des péages est modique (1€, 1€50 et 0€50) mais l’impression d’être pris pour une fontaine à Bolivianos agace.

Après cette bonne marche, nous reprenons le bateau et retrouvons Floriane et Thomas de www.partisfaireuntour.com pour se partager une bonne fondue Bourguignonne.

Mardi 28 Juin :

Etant donné les kilomètres de retard accumulés, et notre billet d’avion acheté pour le 14 Juillet avec un départ de Lima, nous avons décidé que nous n’irons que jusqu’à Cuzco en vélo. De là, nous prendrons un bus jusqu’à Lima. Malgré cela, il nous reste seulement 8 jours pour rejoindre Cuzco si nous voulons avoir du temps pour le Machu Picchu. Ces 8 jours de vélo s’annoncent difficiles car nous avons un peu plus de 550km à parcourir. Nous partons dans un premier temps en direction de Puno. Nous entrons au Pérou par le poste frontière de Khasani. Après quelques formalités le douanier demande à Audrey si nous sommes mariés ? – Non – Et vous êtes ensemble depuis combien de temps ? – 7 ans et demi – Et alors pourquoi tu n’es toujours pas enceinte ? – En France on fait des études d’abord puis on cherche un bon travail et les enfants ne viennent qu’ensuite… - Mais alors comment vous faites ? – Il existe des cachets pour ne pas tomber enceinte – Ah bon ! Mais alors vous n’aurez jamais d’enfants ? (Pour lui c’est inenvisageable…) – Si, il suffit d’arrêter de prendre le cachet !!! La découverte! Pas étonnant de voir tant d’adolescents en couple avec un bébé bien souvent élevé par la grand-mère!

Dans l’après midi nous arrivons à Juli où nous croisons nos deux cyclistes Suisse et Autrichien de www.loslo.net que nous avions rencontré à Puno. Quatre grandes églises ornent cette ville ce qui lui vaut le surnom de petite Rome. Nous hésitons à continuer à cause du vent violent et continu, que nous avons eu en pleine face toute la journée. Nous repartons quand même. C’est épuisant mais nous arrivons tout de même à faire nos 80km juste avant la nuit. Nous plantons la tente dans un champ qui parait abrité par une colline et quelques rochers. Mais toute la nuit la tente est secouée par les rafales, nous ne pouvons pas dormir et sommes même très inquiets pour la toile. Tout résiste pourtant jusqu’à 4h du matin quand enfin une accalmie nous permet de fermer l’œil quelques heures.

Mercredi 29 Juin :

Nous partons à 9h dans le calme mais dès 9h30 le vent se lève, et il est toujours de face, « a contra favor »…

Les paysages ne sont pas très intéressants. La route quitte le lac et traverse des plaines de campagnes et de pampas. Quelques cochons, moutons, et surtout leurs bébés nous distraient néanmoins, ainsi que les paysans tressant des fils sur des kilomètres afin de faire de la corde. Arrivés dans la ville de Llavé, nous faisons la découverte des magnifiques mototaxis.

Sur notre chemin, quelques sculptures caches, à vous de les trouver:

Le vent souffle sans arrêt et nous en avons marre mais nous voulons être à Puno ce soir. Heureusement, sur notre route au petit village de Chucuito, les Incas ont créé « le temple de la fertilité ». La représentation n’est pas aussi parfaite que divers ouvrages en neige que nous avons fait par le passé mais plus durable !

Jeudi 30 Juin :

Nous sommes enfin à Puno, où nous troquons notre habit de cycliste contre celui de gringos (touristes) pour la journée. C’est aussi lors de journées comme aujourd’hui que nos objectifs de ce voyage comme « découvrir d’autres cultures, d’autre modes de vie, d’autres paysages» prennent tout leur sens. Nous partons dès le matin accompagnés de nos amis Floriane et Thomas en direction des iles flottantes du lac Titicaca. Là, même si les habitants vivent du tourisme, que tout est organisé à l’avance et qu’ils nous accueillent pour nous vendre leurs artisanats, la découverte est époustouflante. Ces iles flottantes sont de véritables villages. Construites à base de racines de roseaux, recouvertes de roseaux séchés, et solidement amarrés, ces iles ont une durée de vie d’une vingtaine d’années. Elles accueillent en moyenne 7 familles. Certaines ont une école, ou un restaurant. La vie y semble paisible et s’il y a un conflit entre deux familles, ils scient simplement l’île en deux parties et chacun s’amarre de nouveau un peu plus loin.

De retour à Puno et après un bon restaurant pour fêter l’anniversaire d’Olivier, nous partons tous ensemble à une fête folklorique au village d’Ichu à 10km de Puno. Une fois sur place nous ressentons l’ambiance authentique qu’il devait y avoir dans les fêtes de village par le passé en France ! Les rues fourmillent de monde et de vendeurs en tout genre. Mais surtout que dire des costumes et des chorégraphies ! Nous nous retrouvons dans les tribunes avec vue sur le concours de chorégraphie et le spectacle est fabuleux !

Vendredi 1er Juillet :

Nous quittons Puno en direction de Cuzco.

Le temps est menaçant et nous avons toujours le vent de face même s’il a bien faiblit.
Alors que nous nous arrêtons manger après quelques heures de vélo, nous nous faisons surprendre par une averse de neige. Le paysage est globalement très monotone (immense plaine de l’altiplano). Nous traversons la ville de Juliaca et c’est un véritable bazar : des vélos taxis, mototaxis, combis, piétons, voitures et bus roulent et klaxonnent dans la cohue la plus totale. Cette ville de 60 000 habitants est une poubelle à ciel ouvert. Les ordures s’entassent de toutes parts et les abords de la ville sont pires encore. Les chiens errants ont au moins de quoi se régaler !
Nous rencontrons deux allemands en vélo qui nous indiquent un village conséquent à 24km de Juliaca dans lequel nous devrions trouver un logement. Malheureusement une fois sur place nous nous rendons compte que tout est abandonné. La chance nous sourit quand même et nous trouvons des ruines pour mettre la tente (ce n’était pas gagné de trouver un abri dans cette plaine à perte de vue) !

Comme il fait nuit très tôt (17h30), nous avons toute la soirée pour nous préparer un bon petit plat (saucisses lentilles), d’autant plus que cuisiner réchauffe la tente !

Samedi 2 Juillet :

Pour la première fois depuis 3 mois (la dernière fois date de la région des lacs en Argentine), nous passons une nuit en tente sous la pluie, mais pas d’inondation cette fois ! Ouf ! Nous repartons et sommes en pleine campagne péruvienne. Les petits hameaux de maisons en adobe (terre) se suivent. Les cultures sont à flanc de montagne et dans la vallée les paysans courent bien souvent derrière leur maigre troupeau (quelques vaches, moutons et 2 alpagas). Ici pas de clôture, chaque bête a une corde autour du cou et l’éleveur le tient en laisse ! Ou essaye d’attraper la laisse…

Nous recommençons à voir des mobylettes transportant 3 ou 4 personnes, plus une chèvre, avec une petite nouveauté : les femmes montent toutes en amazone. Ceci dit, impossible de faire autrement avec les 3 ou 4 jupes qui se superposent pour l’effet « bouffant » ! Le ciel est plus que chargé et nous essuyons quelques averses. Il fait froid : 6°.

Après une bonne journée de pédalage et plus de 70km parcourus (dont une trentaine sur une route plus que défoncée), nous arrivons dans la ville de Ayaviri. Nous tombons juste : c’est l’anniversaire d’une école de la ville et une grande fête anime le centre ville. Fanfare, danses folkloriques et costumes traditionnels, à croire que le Pérou fait tout le temps la fête !

Dimanche 3 Juillet :

Nous quittons Ayaviri après s’être fait réveillés par la fanfare : c’est toujours la fête et les défilés continuent!

Mauvaise nouvelle : la météo est toujours aussi mauvaise et vers midi nous essuyons un bon déluge de grêle. Pour la première fois, nous montons la tente pour manger au sec.

Nous attendons près de 2h une accalmie pour repartir. Pour couronner le tout, 3 crevaisons de la roue avant auront raison de toutes nos chambres à air de rechange. Nous cherchons un hangar pour dormir au sec et nous nous arrêtons chez une famille de paysans, au milieu de la paille et bien au sec. Parfait pour faire sécher nos affaires.

Lundi 4 Juillet :

A notre réveil nous voyons que le temps ne s’est pas amélioré, et quelques averses nous font rester dans notre abri. Nous en profitons pour visiter la ferme de nos hôtes. Ils ont une dizaine de vaches pour le lait, une vingtaine de moutons pour la laine et la viande, 4 alpagas pour la laine et la viande également, et une mule pour transporter tout ça au village.

Ainsi qu’une épicerie minuscule, où nous pouvons acheter de l’eau et quelques galetitas (gâteaux), située au rez-de chaussée de la maison. Du coup, pour monter à l’étage où ils habitent, avec un bébé dans les bras, c’est un numéro d’équilibriste !!

Nous partons pour l’ascension du col d’Abra las Rayas à 4400m.

Au sommet, nous trouvons quelques stands d’artisanat et un bon mur en pierre derrière lequel nous nous abritons du vent pour manger. Nous avons droit à un spectacle très amusant : Ici quelques bus de touristes s’arrêtent pour prendre des photos des montagnes, et tout est prévu. Lorsque le bus s’arrête les musiciens traditionnels se mettent à pousser la chansonnette sur de la musique traditionnelle et tout le monde est à son poste, de la vendeuse de sucreries et de sodas aux vendeuses de nappes, pulls en laine d’alpagas, tapis… Il y a même des toilettes modernes, ce qui n’existe dans aucun des villages alentours. Dès que les touristes remontent dans le bus, la musique traditionnelle s’arrête pour faire place à de la musique moderne, chacun enlève son habit traditionnel et les vendeuses nous rejoignent derrière le mur à l’abri du vent. Nous nous engageons dans la descente où nous sentons au fil des kilomètres la température augmenter. Le soleil refait son apparition et nous changeons complètement de paysage. La vallée est bien verte et cultivée, il y a des arbres, une grosse rivière et des montagnes taillées à la serpe ! Après 3 semaines d’Altiplano ça fait plaisir !

Mardi 5 Juillet :

Plus nous nous enfonçons dans la vallée, plus nous sommes enchantés par les paysages. Les montagnes se dressent fièrement de chaque côté de la route et atteignent des hauteurs impressionnantes. Mais ce qui est encore plus impressionnant c’est que bien souvent ces montagnes sont cultivées quasiment jusqu’au sommet malgré des pentes plus qu’abruptes.

C’est la période de récolte du maïs. Les hommes, les ânes et les tricycles transportent la récolte des champs aux maisons. Les jardins et les terrasses sont envahis par les épis que les femmes sont en train de trier.

Nous faisons une grande étape de 99km afin d’assurer l’arrivée à Cusco demain. Le timing est serré pour arriver avant la nuit, et un rayon cassé nous vaudra une descente de 10km dans le noir, pimentée de plusieurs courses poursuites de chiens et d’un camion qui a failli nous envoyer au tas.

Mercredi 6 Juillet :

Nous partons tranquillement pour notre dernière journée de vélo en Amérique Latine. Nous voyons pour la première fois le long de la route des ruines Incas. Et notamment la porte de Piquillacta.

Nous sommes dans la région de la production de briques en boue séchée (adobe) et les briques s’étalent au soleil le long de la route sur des kilomètres. C’est également le coin des rôtisseries de cuy (cochon d’inde), et des pommes de terre, qu’ils écrasent avec leurs pieds pour les déshydrater et pouvoir les conserver entre 5 et 10 ans.

A notre grand plaisir et pour la première fois, nous voyons des panneaux demandant de ne pas jeter les poubelles ni par la fenêtre de la voiture, ni dans les rivières, et nous commençons à voir des rivières un peu moins polluées. Donc la méthode à l’air de fonctionner, c’est un bon début ! Nous arrivons à Cusco dans l’après-midi et allons dans une auberge recommandée par deux cyclistes (nous pourrons y laisser nos vélos le temps que nous serons au Machu Picchu), avec quelques tables pour manger au soleil… le rêve !

Retrieved from http://www.3rouesverslemonde.com/index.php/Recit/LaCampagneP%e9ruvienne
Page last modified on December 08, 2013, at 11:10 AM