From 3 roues vers le monde

Recit: LePasoDeJama

Le Paso de Jama : Salta – San Pedro d’Atacama ( 23 Mai – 30 Mai )

Lundi 23 Mai :

Nous quittons Salta après avoir acheté un gros pneu de 37mm de large pour l’avant (à l’arrière on ne peut pas mettre plus large que 30mm et notre pneu de rechange fait 30mm donc nous allons l’utiliser). Nous voulons nous équiper avec des pneus plus larges pour passer les pistes plus difficiles qui nous attendent en Bolivie et au Pérou. Nous partons en direction de Jujuy mais pour la première fois du voyage nous faisons fausse route pendant une dizaine de kilomètres avant de rebrousser chemin… une route qui apparaît sur notre carte n’existe apparemment pas ! Nous voyons en route un poste de contrôle de charge des camions, nous nous engageons dans la voie, et passons sur la bascule… verdict 250kg !!! Nous faisons divers essais, Audrey sort de la bascule et c’est bien son poids qui disparaît, la machine semble donc assez précise. C’est quand même incroyable. Nous continuons notre chemin sur la route nationale 9, qui est aussi large qu’une piste cyclable. Heureusement le trafic y est quasi inexistant, c’est reposant et le paysage est très joli. Nous nous arrêtons dans un petit camping où comme à notre habitude nous sommes seuls.

Mardi 24 Mai :

Nous nous faisons réveiller en pleine nuit par des bruits bizarres et les chiens qui aboient… ça devient presque une habitude, un troupeau de vaches a envahi le camping et les chiens leur courent après… les vaches partent puis reviennent, bref le spectacle dure une bonne partie de la nuit ! Nous reprenons notre route en direction de Jujuy et la campagne fait place peu à peu à une forêt subtropicale. Les nuages sont très bas et on s’enfonce dans le brouillard. On se croirait dans Avatar avec cette végétation luxuriante et les nuages qui forment des îlots de végétation. C’est impressionnant, on adore malgré la pluie !

En redescendant en direction de Jujuy, nous croisons un couple de Chiliens qui commencent un périple de 2 ans et demi, avec leur fils de un an et… leur chien qui court à côté du vélo. Ils ont chacun une montagne d’affaires sur leur vélo… quel courage ! Nous retrouvons la campagne aux abords de Jujuy avec des oiseaux en pagaille, rapaces, oiseaux à houppette, d’autres à la tête rouge vif, un régal pour les yeux. Dans la chambre d’hotel, petite lessive !

Mercredi 25 Mai :

Nous cherchons depuis Salta des rayons de rechange d’avance pour la remorque et un plateau de 38 dents car nous avons un petit problème de tension de la chaine avant mais nous ne trouverons finalement pas notre bonheur à Jujuy non plus. Nous faisons un petit tour au marché local puis nous commençons notre ascension de près de 1000m en nous enfonçant dans la vallée. Le décor est superbe.

Nous nous arrêtons de nuit à Tumbaya chez Juan Carlos et Maria, dans une chambre chez l’habitant.., après avoir eu du mal à trouver quelqu’un dans ce village désert !

Jeudi 26 Mai :

Nous quittons la maison de Carlos de bonne heure pour aller à Pumamarca. Là, nous faisons une halte pour profiter du Cerro de los siete colores (Mont aux 7 couleurs), aller au marché nous acheter des bonnets et des chaussettes chaudes pour les nuits en altitude, acheter quelques vivres, et surtout faire le plein d’eau pour les 3 jours en totale autonomie qui nous attendent.

Nous ne trainons pas trop car il nous reste à grimper plus de 1100 m.

Nous croisons en route un couple de canadien-argentin en vélo eux aussi pour quelques mois. Nous sommes entourés de cyclistes dans la région.

Le contrat est rempli avant la nuit cette fois, et nous nous installons à l’abri des regards et du vent à 3150 m d’altitude. La nuit tombée, nous pouvons observer le ciel le plus étoilé que nous ayons jamais vu, c’est époustouflant.

Vendredi 27 Mai :

Nous nous élançons de bon matin avec empressement pour passer ce col à 4170m. Un peu trop d’empressement car 7km et 1h30 plus loin nous réalisons qu’une sacoche est ouverte et qu’il nous manque une paire de lunette. Plus de peur que de mal, après un aller-retour jusqu’à notre bivouac de la nuit précédente en stop et en moins de 45min Audrey revient triomphante. C’est un signe, la chance est avec nous ! Aujourd’hui la pente est tellement raide, et le vent de face tellement fort que l’étape est de loin la plus difficile du voyage et risque de le rester longtemps. Nous avançons péniblement à 4,5km/h de moyenne quand un camion s’arrête. Le chauffeur descend et nous propose de nous prendre dans la remorque parce qu’il pense que c’est trop difficile, et qu’en haut nous n’aurons pas assez d’air. Nous n’hésitons pas une seule seconde et refusons son offre mais acceptons un peu d’eau. Heureusement le paysage vaut la peine d’être parcouru à vitesse d’escargot, d’autant que chaque véhicule qui passe par là est plein de nouveaux supporters.

Nous ne savions pas comment notre corps allait réagir à des telles altitudes mais par chance nous nous sentons très bien. Nous sommes juste un peu plus essoufflés que d’habitude, mais rien de plus. Après tant d’efforts, notre joie est immense lorsque nous basculons au sommet, d’autant plus que la descente est très belle et nous mène jusqu’au Salinas Grandes, un salar.

On a de nouveaux compagnons de route : Les Vicunas qui contrairement à leur cousin le lama ont des poils courts, mais surtout sont des animaux sauvages!

Samedi 28 Mai :

Nous nous réveillons avec un beau soleil et nous voyons au loin les Salinas qui scintillent. Il nous tarde d’aller y faire quelques tours de piste ! Après quelques kilomètres, nous arrivons au milieu de cet ancien lac asséché, qui n’est aujourd’hui qu’une immense croute de sel de 525km² ! A notre grande surprise, le sol est tellement dur que nos roues ne laissent pas la moindre trace, on entend seulement le sel craquer à mesure que l’on avance. Après s’être bien amusés :

Nous repartons en direction de Susques où il nous faut arriver ce soir, pour pouvoir se ravitailler en eau principalement ! Nous traversons les Salinas et la route continue à perte de vue, parfaitement droite et plate à travers l’altiplano, et sans fin… Il nous faut parcourir plus de 40 km pour en voir le bout, 40 km horribles, avant de s’enfoncer de nouveau dans les routes montagneuses et sinueuses des Quebradas del Paso Malo, jusqu’à atteindre 3900m d’altitude. Les derniers mètres d’ascension sont difficiles, l’étape d’aujourd’hui est longue et les deux jours précédents n’ont pas été des plus reposants. Mais les lamas et autres guanacos avec leurs « pompons » sur les oreilles nous distraient sur notre passage.

Les paysages ici sont vierges, aucun autre chemin en vue, aucune habitation, un silence parfait entre deux véhicules…

Nous arrivons finalement à Susques avec le coucher du soleil.

Dimanche 29 Mai :

Nous passons une bonne nuit au chaud et nous nous préparons pour les 4/5 jours d’autonomie jusqu’à San Pedro. Il nous faut tout bien calculer car aucun fruit, légume, produits laitiers, charcuterie, etc ne peut passer la frontière chilienne. Nous embarquons 2 kg de pates, 2 kg de pain, 500g de fromage, et des gâteaux, les 4 éléments principaux de notre alimentation, et pour nous donner bonne conscience, quelques tomates, pommes, du riz, de la sauce tomate et du chocolat !

Tout ce chargement sera difficile à faire rentrer dans nos sacoches. Par contre les Paraguayens eux n’ont pas de problème pour faire rentrer un maximum de véhicules sur une semi…

Nous partons aujourd’hui pour une petite ascension de 20 km qui doit nous mener à 4050m. De là, une route traversant l’altiplano et oscillant aux alentours de 4000m d’altitude nous mène jusqu’à la douane.

Alors que nous arrivons au sommet, nous entendons un bruit de chaine et nous sommes stoppés net. Un maillon de la chaine a cassé, a entrainé le dérailleur qui s’est tordu puis cassé et coincé dans les rayons…. Il nous faut un bon moment avant de réussir à démêler tout ça et une fois le dérailleur démonté, nous réalisons qu’il est tout simplement inutilisable, notre déception est immense… Nous n’avons pas de solution et l’après-midi est déjà bien entamé, nous décidons donc de faire du stop jusqu’à la douane, ce qui n’est pas chose aisée lorsque l’on est au milieu du désert ! Heureusement, quelques camions de Paraguayens se rendent de Asuncion à Iquique, au Nord du Chili pour acheter des voitures d’occasion arrivant du Japon et de Corée. Après deux bonnes heures à attendre, un camion passe enfin et s’arrête. Nous chargeons le tandem, la remorque et Olivier sur la remorque du camion… qui roule à près de 90km/h ! Audrey est plus chanceuse et va dans la cabine, entre les deux Paraguayens qui se relaient jour et nuit pour faire cette boucle de 6 jours !

Nous arrivons finalement à la douane de nuit et plantons notre tente à quelques centaine de mètres.

Lundi 30 Mai :

La nuit a été difficile, il a fait – 10°C et à 10h du matin, il fait -3° dans la tente ! Le bidon d’eau qui a dormi entre nous est un bloc de glace. Impossible de se servir du liquide vaisselle qui n’est qu’un glaçon. Heureusement nous avons nos bonnets Péruviens. Notre déception d’hier est tellement grande que nous décidons de tenter le tout pour le tout. Olivier raccourcit la chaine de telle sorte que l’on ait seulement une vitesse mais que la chaine soit suffisamment tendue pour que l’on puisse pédaler. Après de nombreux essais, nous trouvons une solution convenable.

Nous passons donc la douane et partons à l’assaut du Paso de Jama (4400m). Les premiers kilomètres se passent bien mais dès que la côte se fait plus raide, la chaine se casse de nouveau… si on met moins de tension, la chaine déraille, si on met une tension importante, on casse la chaine… bref, il faut se rendre à l’évidence, il est impossible d’avancer et 150 km nous séparent encore de San Pedro d’Atacama.

Nous devons faire du stop mais le trafic est quasi inexistant. Heureusement quelques lamas nous tiennent compagnie et nous nous lançons le défi d’attraper un lama, ce qui nous occupe !

C’est finalement après 5h de stop que le quatrième camion qui passe nous prend. De nouveau des Paraguayens qui se rendent à Iquique pour acheter des voitures. Nous sommes 6 dans la cabine, autrement dit nous sommes plus que serrés et nous continuons de monter à plus de 4800m. Par chance, nous n’avons pas le mal de l’altitude ce qui n’est pas le cas de l’une des passagères. Nous arrivons enfin à San Pedro, contents d’être là mais déçus de ne pas avoir fini l’étape, et un peu inquiets pour ce qui est de la réparation.

Mardi 31 Mai :

Notre première inquiétude est de trouver un nouveau dérailleur et nous sommes debout dès l’aube. Nous nous étonnons que le village soit encore endormi : Le Chili a changé d’heure il y a une semaine et nous ne le savions pas ! Nous faisons le tour du magasin de vélo mais rien ne convient. Demain, nous devons prendre un bus jusqu’à Calama qui est une plus grande ville. Là nous espérons trouver. Nous nous régalons autour de quelques calzones rotos : spécialité Chilienne.

Dans l’après-midi, nous partons à la recherche de Ricardo, un Equatorien, l’ami du couple de cyclistes que nous avions rencontré il y a quelques semaines, et nous plantons finalement notre tente dans son jardin. Puis nous avons rendez-vous avec d’autres cyclistes : une bonne partie de ceux du schéma ci-dessus sont maintenant à San Pedro ! Nous voilà donc réunis avec deux couples Suisses, un couple de Français et un Espagnol ! Le soir venu, nous retrouvons également le couple de Suisses en van, Magdalena et Pedro, pour la cinquième fois depuis le début du voyage et allons manger dans le restaurant où travaille Ricardo !

Mercredi 1 Juin :

Nous partons à 7h direction la gare routière pour nous rendre à Calama. Nous trouvons un dérailleur qui convient, ouf ! Nous profitons d’être dans une grande ville pour faire quelques courses. La ville de Calama est une ville minière, la mine de Chuquicamata est la plus grande mine à ciel ouvert du monde. On en extrait du cuivre comme dans de nombreuses mines du Chili. Le cuivre exploité par l’entreprise d’Etat CODELCO est la première richesse du pays. Depuis 2004, le village de mineurs de Chuquicamata a été totalement évacué. Des gisements de cuivres trouvés sous la ville, ainsi que la pollution créée par l’exploitation ont menés à l’exode des mineurs vers Calama ou d’immenses quartiers de mineurs ont fait leur apparition. Malheureusement nous arrivons trop tard pour visiter la mine et descendre dans ce trou de 900m de profondeur !! Nous rentrons à San Pedro heureux malgré tout de rentrer avec notre nouveau dérailleur.

Jeudi 2 Juin :

Nous décidons de nous essayer sur des pistes sableuses. Nous partons donc pour un petit tour de 40km autour de San Pedro sur des mauvaises pistes afin d’essayer nos nouveaux pneus. Nous passons dans les Quebradas del diablo puis nous rejoignons la vallée de la Luna pour le coucher de soleil.

Le test est plutôt concluant. Nous passons très bien dans le sable et sommes beaucoup plus efficaces sur les pistes. Nous nous amusons même à traverser quelques rivières. C’est décidé, contrairement à ce qui était prévu, nous allons rejoindre le Salar d’Uyuni en vélo et traverser le désert du Sud Lipez (une dizaine de jours à plus de 4000m, dans le froid (-25°C), le vent, et des pistes parmi les plus mauvaise que l’on puisse rencontrer).

Vendredi 3 Juin :

Nous partons à 4h du matin en excursion aux geysers del Tatio. Le départ est très tôt car c’est au levé du jour, lorsque l’air ambiant est le plus froid que la vapeur est la plus visible, et le site est à 2h de route de San Pedro. C’est un champ géothermique de 10km² à 4300m d’altitude dans lequel on trouve une multitude de geysers, fumeroles, et autres formations minérales aux couleurs surprenantes. Le grondement est impressionnant, on entend l’eau bouillir sous terre. Certains geysers crachent en permanence, alors que d’autre sont intermittents. Il y a aussi les capricieux dont les intermittences sont variables et les réguliers très surprenants : nous avons pu en observer un qui crache pendant 15 secondes toutes les 2 minutes…

Nous avons ensuite rejoint un bassin naturel d’eau chaude. L’eau y sort à 80°C. Par endroit la température de l’eau est insoutenable malgré le froid extérieur de – 10°C… Ce bain nous a permis de nous réchauffer car nous étions totalement congelés.

Le tour se termine par la visite d’un village de montagne.

Nous avons apprécié la visite, mais pas la forme. Nous avons l’habitude de voyager de manière autonome et en totale liberté, dans ces tours organisés pour « gringos » (touristes) , tout est minuté, prévu, et rigide . . . Prenez une photo, montez dans le bus, regardez à gauche, allez aux toilettes, n’allez pas là bas . . . Bref, un peu difficile et horrible ! Heureusement en rentrant nous nous réconfortons autour d’un bon morceau de palette de 700g au barbecue !

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