From 3 roues vers le monde

Recit: LuangPrabang

Sur la route de Luang Prabang : Oudomxai – Luang Prabang ( 4 - 9 Avril )

On savait qu’en Asie on trouverait de la nourriture bizarre et on n’est pas déçus ! En plus des insectes grillés et des grenouilles englouties entières, tous les animaux de la forêt se mangent, du rat séché dans le bouillon de la soupe, en passant par l’écureuil et les chauves-souris au barbecue, les fœtus séchés voire de gros animaux dont nous ignorons le nom, vendus morts sur les marchés. Pour accompagner tout ça, des bambous et autres branchages de la même famille, des algues prises dans la rivière pour le bouillon de la soupe… ça change de la gastronomie française !

Mercredi 4 Avril :

Aujourd’hui, nous attaquons la portion « critique » du Laos. Plusieurs cyclistes nous ont prévenu : « La route est complètement défoncée », « Vous devriez faire un détour et prendre un bateau pour éviter cette portion »…
Mais comme on est un peu têtu, on y va quand même. Et puis contrairement à la plupart des cyclo en Asie qui vont d’auberges en auberges, nous on est bien équipés et on peut camper n’importe où ! On a donc tout le temps…
Bon, on ne nous avait pas menti, dès les premiers kilomètres, des morceaux entiers de route ont laissé place à une piste caillouteuse et plus on avance plus ça se dégrade. Le point positif est que le trafic est vraiment réduit, et les « perce-oreilles », comme on les appelle, nous laissent un peu de répit !

Nous grimpons un premier col à 1200m et comme il y a très peu d’habitations, nous avons tout le loisir d’observer la jungle, et sa végétation bien verdoyante et bien recouverte de poussière !
Les enfants nous régalent le long du chemin, avec leur signe de la main et leur « Bye Bye ». L’ambiance est bien différente ici, dans les villages que nous traversons que celle des premiers jours. Pas d’entourloupes, les gens nous sourient, nous répondent, nous indiquent l’eau.

Avec cette route défoncée, nous avançons lentement. Notre compteur affiche 11km/h de moyenne et ce n’est pas la belle descente qui va augmenter cette moyenne ! Les camions aussi ont du mal et plusieurs sont arrêtés en plein milieu de la route, avec une roue en moins ou quelqu’un en train de trifouiller le moteur. En guise d’avertissement, pas de triangle de signalisation mais quelques branches posées au milieu de la route.

Alors que nous attaquons le second col à 1300m, nous voyons une mobylette de « Falangs » qui s’arrête à notre hauteur :
-« C’est bientôt fini le calvaire ? » Nous demande un homme recouvert de poussière de la tête aux pieds…
- « 45km avant la prochaine ville »
- « On espère qu’on va y arriver avant la nuit, on a déjà crevé 3 fois… » nous répond-il !
Heureusement nous n’avons pas crevé, mais c’est l’heure de nous trouver un campement et les bas-côtés sont escarpés. La seule chose que nous trouvons est une rivière au milieu d’un village. D’habitude nous suivons notre règle d’or (Rester cachés), mais aujourd’hui c’est impossible. Et comme la rivière c’est « la machine à café » du village, durant plus de 2h et jusqu’à la nuit noire nous avons droit au spectacle. Les femmes en sarongs, les hommes en slips et les enfants nus viennent prendre la douche. D’autres viennent laver leur mobylette ou leur camion. D’autres font leur lessive. D’autres se lavent les dents. D’autres viennent chercher de l’eau pour boire, c’est eux qui ont la priorité pour se mettre en amont dans la rivière. Et nous en plein milieu de ce bazar, en train de nous laver. Pour eux aussi, c’est le spectacle, ils n’hésitent pas à venir s’accroupir à 50cm de nous pour observer notre réchaud ou notre tente !

Jeudi 5 Avril :

Nous sommes réveillés à 01h00 du matin par un impressionnant orage, accompagné d’une pluie diluvienne qui dure jusqu’au petit matin. Les deux bonnes nouvelles, c’est que la tente a tenu le coup, et que vers 6h00, la pluie cesse.
Dès 6h15, les activités reprennent à la rivière. Quelqu’un est déjà en train de prendre sa douche malgré la température fraiche, puis deux jeunes viennent laver des champignons…
Pour nous, il est temps de se mettre à pédaler… la route n’est pas en meilleur état, bien au contraire.

Nous traversons une succession de petits villages de tribus, où les touristes sont rares.

Nous prenons le temps d’observer la vie au village : ici un village de tisserands, plus loin on tresse des paniers, au village suivant il y a un attroupement au bord de la route, surement des gens qui attendent le bus… et au village suivant, on vient de tuer une vache sur des feuilles de bananiers et tout le village est réuni pour récupérer son morceau de viande ! Ceux qui sont servis partent avec un ou deux steaks accrochés au bout d’une ficelle, la scène est assez incroyable.

Compte tenu de l’état de la route, la descente qui devrait pourtant être le paradis de tout cycliste (1000m de dénivelé en 30km) est horrible pour notre dos mais aussi pour les mains d’Olivier, qui doivent constamment freiner ! (Le frein d’Audrey n’est toujours pas réparé).
Nous atteignons finalement Pakmong, le retour à une route digne de ce nom.
Alors que nous sommes arrêtés en train de manger une sorte de saucisse au miel avec l’inévitable riz collé, nous assistons, là juste devant nos yeux, à un trafic d’iguane, long d’un petit mètre, saucissonné et jeté dans le coffre à outil d’un semi-remorque !
Nous reprenons la route en direction de Luang Prabang, pour quelques kilomètres de plus avant un repos bien mérité.

Repos difficile à trouver car nos hôtes déchargent du bois devant notre chambre toute la nuit, amené par des « perces-oreilles », c’est à se demander ce qu’ils trafiquent eux-aussi !!!

Vendredi 6 avril :

Depuis quelques jours, Olivier à une forme de papi de 90ans : mal au dos, courbatures, fatigue… On pense que c’est à cause du traitement contre le palu.
Du coup, il a passé 12h couché, à dormir, ou essayer du moins… Nous partons donc assez tard pour les 102km qui nous séparent de Luang Prabang. Mauvaise idée car à 9h30, il fait déjà 37°C et ça va durer toute la journée. Avec un soleil de plomb !
A midi quand nous nous arrêtons manger, nous sommes tout rôtis. Et du rôti nous n’en trouvons pas, d’ailleurs, nous ne trouvons même pas de bouiboui. C’est une épicière qui finalement nous vend une assiette de sticky rice froid et une boite de sardine à la tomate.
Nous longeons la rivière NamTha, beaucoup plus grosse ici que la portion sur laquelle nous avons pagayé quelques jours plus tôt, et lorsque celle-ci rejoindra le Mékong, nous serons arrivés à destination.

La journée semble interminable mais lorsque nous apercevons enfin des Falangs, nous savons que nous ne sommes plus très loin.
A première vue, Luang Prabang semble très sympathique. Une belle ville, romantique, en bord de rivière, bordée d’un côté par le Mékong et de l’autre par la Nam Tha.

C’est dans ce décor que nous commençons à chercher une chambre. Au premier essai, « complet » ! Mais un rabatteur nous alpague. Il nous propose une bonne affaire et nous le suivons en vélo dans les ruelles de la ville.

Samedi 7 et Dimanche 8 Avril :

Nous profitons d’un repos bien mérité après les quelques jours de vélo précédents. Olivier bricole le vélo, Audrey met à jour le site internet. Nous flânons dans les ruelles de Luang Prabang, au milieu des petits restaurants romantiques et de la multitude de temples.

Nous ne manquons pas les boulangeries qui vendent des multitudes de pain différents et de bonnes tartelettes au citron. Nous allons au marché nocturne et en bref, nous profitons des conforts que peut nous offrir une ville !
L’ambiance ici est vraiment particulière, un peu classe et tellement différente des villages Laotiens.
Dans une semaine, c’est le Nouvel An Laotien et la tradition commence : nous nous prenons un seau d’eau en pleine tête alors que nous allons manger au restaurant, c’est une façon de bien commencer l’année !

Lundi 9 Avril :

Nous partons en vélo pour la journée. Nous nous rendons à 32km de Luang Prabang, où se trouve le parc des cascades de Kuang Si. Le paysage est sympa : nous longeons le Mékong et traversons quelques rizières.

Le parc possède un refuge d’ours noirs asiatiques. Nous sommes contents de pouvoir les voir d’un peu plus près que les ours sauvages au Canada ou aux Etats-Unis, mais à la fois nous sommes très déçus. Le spectacle perd toute sa magie. Aucun effort de silence, d’observation ni d’attention est nécessaire, aucune crainte à avoir, il n’y a pas ce petit truc dans le ventre quand tout d’un coup on est seuls face à l’ours…
C’est comme s’ils étaient faux, comme si nous voyions de magnifiques peluches, mais pas vraiment des ours. Enfin bon, ici ils sont au moins à l’abri du braconnage…

Du refuge, nous marchons ensuite jusqu’aux chutes.

Pour ceux qui connaissent le parc de Plitvice ou Krka en Croatie, c’est un peu similaire. L’eau turquoise dévale la montagne, de bassin en bassin, séparés par de magnifiques cascades. Tout est dit ! C’est superbe. Et par 37°C à l’extérieur et 25°C dans l’eau, c’est vraiment agréable.

Une belle balade, une bonne baignade, une belle journée quoi !

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