Les montagnes du Nord : Chiang Mai – Mae Salong ( 19 Mars – 21 Mars )
Lundi 19 Mars :
Nous attaquons maintenant l’extrême Nord de la Thaïlande, la partie qui sera sans aucun doute la plus montagneuse.
Et pour commencer, il nous faut sortir de Chiang Mai, or les agglomérations ici s’étendent sur des dizaines et des dizaines de kilomètres…
Les « voitures » sont toutes plus chargées les unes que les autres, avec des gens qui voyagent parfois au dessus des chargements. Un 4*4, dont les sacs de riz s’élèvent à deux mètres au dessus de la cabine et dépassent largement à droite et à gauche se fait arrêter par la police. Et que dire de cet autre camion, qui transporte un éléphant ! Heureusement au milieu de tout ça, nous pouvons rouler en toute sécurité puisqu’il y a toujours un accotement bien large, à partager avec les scooters.
Mais revenons-en aux éléphants… alors que nous sommes sur l’autoroute, nous croisons ce panneau de signalisation, relativement curieux…
Et quelques dizaines de mètres plus loin, ce ne sont pas un, mais deux éléphants qui remontent l’autoroute à contre-sens !!! Cette scène est juste incroyable !
Nous nous arrêtons sur le bas-côté pour les observer !
Nous roulons dans une sorte de brouillard, composé de cendres et d’humidité mais pour la première fois, nous ne voyons aucune forêt brulée à des kilomètres, ça fait plaisir de « découvrir » la végétation locale!
Après nos 70km quotidiens, sous une température un peu plus soutenable, bien que de 35°C, nous nous arrêtons pour la nuit dans une petite auberge en bord de route.
Mardi 20 Mars :
Le réveil à 5h30 est un peu difficile ce matin et la température anormalement fraiche nous pousse à rester un peu plus longtemps sous les draps.\\ Effectivement, lorsque nous nous mettons en selle, le compteur affiche un frisquet 17°C. C’est la première fois depuis notre arrivée en Thaïlande que nous avons une température « aussi » basse, et c’est parfait car nous avons un petit col pour commencer la journée.
Nous sommes vraiment au milieu de la campagne Thaïlandaise, les villes s’espacent de plus en plus, seuls quelques petits étalages de bananes ou de paniers tressés apparaissent de temps en temps au bord de la route. Les touristes se font rares. Nous voyons le premier combat de coqs dans un jardin.
Et soudainement, au milieu de ce brouillard toujours dense, apparaissent les premiers pics montagneux, aussi hauts et fin que des aiguilles à coudre, plantés ici et là le long de notre chemin et recouverts d’une végétation bien tropicale.
Pour le moment, nous nous contentons de slalomer entre les pics. Comme nous avançons à bon train, nous décidons de prolonger un peu notre étape et d’aller jusqu’à Fang. Bon choix ! Alors que nous nous rendons à Tesco, un supermarché Thaïlandais, afin de trouver quelques produits Européen comme du pain et de la confiture (et non, il n’y a pas de fromage !), nous tombons en plein cours de gym à ciel ouvert… on le voit à la télé, mais c’est vrai !
Et puis ce soir, juste devant notre hôtel, c’est concert et marché nocturne, on ne pouvait pas mieux tomber !
Mercredi 21 Mars :
Grosse pression sur nos épaules aujourd’hui car nous devons monter trois murs pour nous rendre à Mae Salong, situé à 1150m d’altitude. Ces trois cols font de 3 à 7km et montent entre 12 et 16%, ce qui est ultra-raide. Cette partie est connue comme « impossible à faire en pédalant »… Nous allons voir !
Avant de taper dans le dur, nous avons 45km de plat pour nous mettre en jambes. Au fil des kilomètres, nous observons le changement. Les villages se font plus pauvres, les habitats sont différents, les vêtements plus traditionnels, les produits sur le marché plus restreints. Nous traversons des villages bien plus typiques et les gens viennent souvent de ce qu’on appelle ici « hill-tribe » ou tribu des montagnes. Nous ne pouvons que faire un rapprochement avec le mode de vie traditionnel des Boliviens.
Ceci nous mène tranquillement au passage de nos 13 000 km parcourus.
Nous arrivons au pied de la première butte vers 10h. Nous avons déjà fait nos 45km et nous avons faim !
On se dit qu’il vaut mieux se ravitailler avant d’attaquer les montagnes, c’est plus sur. Nous cherchons donc un bouiboui pour manger, mais rien ne se présente jusqu’à cette maison, où une table est dressée comme à l’habitude thaïlandaise : table carrelée avec des bancs, rouleau de papier toilette en guise de serviette de table, bouteilles d’épices, bouteille d’eau, verres.
Nous nous arrêtons et mimons « manger ? » car nous ne sommes pas sûrs à 100% qu’il s’agit bien d’un restaurant. Elle nous répond oui de la tête et nous nous installons en attendant notre plat. Nous sommes ensuite servis et nous dévorons, pendant que nous sommes dévisagés sous toutes les coutures par les trois femmes Thaï de la maison. A tel point qu’on se demande carrément si elles ont déjà vu un blanc ! Puis Olivier se lève et lance un :
- « Tao Lai » (Combien ça coute ?).
- No no no
- Si si si
- No no no
Du coup, un gros doute s’installe… Ce n’était peut-être pas un restaurant… Peut-être que nous sommes entrés dans une maison, que nous avons demandé à manger, et que comme nous étions à vélo, ils nous ont donné à manger… Et nous avons attendu les pieds sous la table que ça arrive, sans vraiment leur parler puisque notre niveau en Thaï est zéro, avant de leur demander combien ça coute !
Ne sachant pas trop quoi faire, nous glissons un billet sous les couverts puis partons.
La montée, qui atteint jusqu’à 14%, en plus des 34°C ambiants et les 100kg de ce gros vélo est carrément exténuante et lorsque nous parvenons à basculer, nous sommes totalement à bout de force, les jambes tremblantes d’épuisement.
Nous sommes aussi inquiets pour le matériel… A San Francisco à 15% nous avions cassé la roue libre ! Une courte descente puis c’est la seconde rampe, encore plus longue, plus raide, un véritable enfer qui nous mène à 1050m.
Dans la petite descente avant la dernière difficulté mais aussi la plus difficile, avec des pentes à 16%, nous nous arrêtons profiter d’un soda frais chez l’épicier local, histoire de nous requinquer un peu. Une voiture s’arrête. Un Thaïlandais en habit traditionnel, d’une tribu montagnarde vient nous parler en Anglais. C’est Dan, professeur à l’école du village accompagné de sa femme, Tik.
De fil en aiguille, voilà qu’ils nous invitent à un mariage traditionnel auquel ils se rendent, dans une tribu voisine. Proposition impossible à refuser, d’autant plus que nous passons sur cette route de l’enfer dans le seul but de faire un tour guidé dans une tribu. Nous sommes invités à un mariage authentique, c’est autrement mieux.
Ils nous expliquent où nous devons nous rendre, et alors que nous nous mettons en selle, ils font marche arrière.
- « Non, non, c’est trop compliqué à trouver, venez plutôt avec nous. »
Nous chargeons le vélo dans la benne de la voiture et passons accessoirement la 3ième grosse côte de cette manière ! Puis nous nous enfonçons dans les montagnes jusqu’à arriver à la tribu de Lisu, où se trouve le mariage. Nous sommes tout de suite très bien accueillis, placés à une table où l’on nous apporte divers plats et boissons, notamment leur thé local. Il y a des centaines de personnes, tous en habits traditionnels et les plus jeunes se pressent pour nous dire quelques mots d’Anglais.
La cuisine:
Et la mariée, au centre:
Les femmes ont les gencives et les lèvres rouges, ce qui nous intrigue. Cela provient des substances qu’elles mâchent à longueur de journée, une sorte de dentifrice auquel elles deviennent en quelque sorte, dépendantes…
Audrey a voulu tester, elle est servie ! 30 secondes sont suffisantes… c’est mentholé, épicé et franchement degeu ! Du coup Olivier met discrètement le tout dans sa poche et fait semblant de mâcher !!!
Puis Dan et Tik nous amènent à Mae Salong, au marché au thé.
Nous avons droit à quelques morceaux de musique joués par Dan, musicien à ses heures perdues. C’est dans ce village que nous passerons la nuit.
Nos amis rentrent à Mae Chan, où ils habitent et nous invitent à dormir chez eux demain puisque c’est sur notre route.
