From 3 roues vers le monde

Recit: LeParcDuMtRobson

Parc provincial du Mont-Robson : 6 Août – 17 Août

C’est la route 16, également appelée Yellowhead Highway, que nous allons suivre durant les prochains jours, de Jasper à Tête Jaune Cache. Cette route de traversée de l’Ouest Canadien doit son nom à un Iroquois blond surnommé « Tête Jaune » qui, vers les années 1820, entreposait fourrures et provisions dans une cache. La localité porte aujourd’hui son nom.
Nous descendrons ensuite vers le Sud jusqu’à la ville de Kamloops

Samedi 6 Août :

Nous avons fini de mettre nos récits sur internet à 1h du matin hier soir, et nous étions en ville. Nous avons dû rentrer au camping sans lumière à 5km de là. Juste à temps avant un énorme orage qui a duré toute la nuit. Notre tente résiste toujours et heureusement, nous n’avons pas été mouillés !
Au réveil, nous rencontrons un Français parti de l’Alaska il y a deux mois et se rendant en Amérique de Sud. Le temps de papoter un peu, nous ne quittons Jasper qu’en début d’après-midi, sous un ciel bien couvert.
Nous avons prévu une petite étape d’une quarantaine de kilomètres jusqu’au Lac Yellowhead.
A peine partis, nous croisons un coyote, à quelques mètres de nous. Ils sont plutôt craintifs et rapides et à peine nous a-t-il vu qu’il s’enfuit.
Nous passons ensuite le Col Yellowhead, le col le moins élevé de tous les cols situés sur la crête des Rocheuses, culminant à seulement 1150m. Il marque la limite entre la province de l’Alberta et la Colombie-Britanique, mais également entre le Parc National de Jasper et le Parc Provincial Mt Robson.
Nous en profitons pour changer d’heure : une heure de moins pour nous, soit neuf heures de moins qu’en France, ça commence à faire !
Nous repartons et voyons cette fois un bébé coyote, de quelques mois à peine, en train de manger des plantes… vraiment mignon, mais nous ne nous attardons pas quelque fois que la mère soit dans les parages !
Nous arrivons finalement au camping, au bord du lac, sous la pluie, mais le temps d’installer la tente, les nuages se sont dissipés.

Après un petit tour de balançoire au dessus du lac, nous pouvons manger tranquillement sous les derniers rayons du soleil.

Dimanche 7 Août :

Nous nous réveillons avec le bruit des écureuils, et il faut dire qu’ils ont décidé de mettre de l’ambiance pour notre petit déjeuner !

Celui-ci aura réussi à voler un cookie!
Les incendies dévastent naturellement les forêts Canadiennes tous les 40 à 120 ans, dus bien souvent à des orages sans pluie. Mais aujourd’hui, compte tenu de l’attention particulière portée à la protection des forets, il arrive que ces incendies ne se déclenchent plus. Afin de préserver les forêts des épidémies ou des insectes, les parcs nationaux déclenchent des feux de foret volontaires. C’est assez impressionnant car des montagnes entières sont couvertes d’arbres brulés volontairement . . . Chose impensable par chez nous ! Ceci permet également de faire varier l’âge des arbres et de fertiliser la terre.
Notre étape est ponctuée par un arrêt à la cascade Overlander : nous descendons une partie du sentier en vélo, puis une fois le sentier devenu trop raide et trop étroit, nous abandonnons le vélo et finissons à pied. Les eaux bleu-vert du Fraser dévalent une plate-forme rocheuse avant de s’engouffrer avec puissance dans une gorge étroite. Cette petite ballade valait vraiment le coup.

Après une belle descente, nous arrivons au « village » de Mt Robson et profitons de la vue sur ce magnifique sommet. C’est le point culminant des Rocheuses Canadiennes, situé à 3954m. Il semble impressionnant vu d’en bas mais nous nous targuons devant les locaux d’avoir pédalé en Bolivie 1073m plus haut…

Lundi 8 Août :

Ce matin nous partons sans les bagages en direction du lac Kinney, situé au pied du Mt Robson. Le chemin est très sympa et longe la rivière jusqu’au lac situé dans un site splendide. Eau turquoise, forêts verdoyantes, et sommets enneigés composent le spectacle.

Après un petit tour au bord du lac, nous redescendons récupérer nos affaires et partons en direction de Tête Jaune Cache. Nous faisons une petite pause histoire de manger un morceau et rencontrons un autre Français qui lui aussi est parti d’Alaska. D’ailleurs, coïncidence plutôt marrante, ils sont initialement partis à trois Français mais se sont séparés au bout de quelques semaines. Et nous avons rencontré les trois à quelques jours d’intervalle, l’un d’eux étant celui que nous avions vu à Jasper !
Il se fait tard et il est plus que temps pour nous de filer vers les chutes de Rearguard. Nous espérions avoir la chance de voir la remontée des saumons, mais rien à la surface : nous sommes une quinzaine de jours trop tôt. La remontée massive des saumons du Pacifique dans les rivières Canadiennes ne se produit que tous les cinq ans, et 2011 est une de ces années ! Mais malheureusement, il semblerait que la période soit plutôt fin Août et Septembre… dommage.

Nous repartons et roulons jusqu’à Valemount où nous arrivons sur le coup des 21h.
A la station service, nous trouvons un magnifique sujet de Canadiens en vacances….

Nous nous arrêtons pour la nuit sur un terrain de golf ayant quelques emplacements pour camper.

Mardi 9 Août :

Notre départ ce matin est plus que tardif : nous avons profité de la connexion internet du camping, puis nous sommes allés faire quelques courses. Entre temps, une averse a éclaté dans le ciel et nous avons donc attendu que le ciel s’éclaircisse de nouveau avant de quitter Valemount. Nous enjambons donc notre monture à presque 16h !
Seul problème, le prochain camping est à 96km… et rien entre. Il va falloir prendre des forces

Le paysage change peu à peu : les montagnes sont de plus en plus effacées et nous roulons dans une vallée au fond de laquelle coule la rivière Fraser, les sapins commencent à laisser place aux feuillus mais à notre grande surprise, une chose n’a pas changé : nos amis les ours !!!
Alors que nous sommes en plein effort, un semi-remorque nous fait signe : un ours est allongé sur le ventre en train de manger une carcasse, à la lisière d’un parking… c’est un ours noir, adulte sans conteste compte tenu sa taille imposante, et avec le poil noir ! Nous l’observons de loin car nous sommes vraiment à sa hauteur et il nous suit des yeux. Dès que nous bougeons, sa tête nous suit, nous avons de la nourriture et il doit le sentir. Il pourrait nous rattraper en quelques enjambées et nous nous tenons constamment prêts à partir au moindre mouvement. Par contre les voitures ne l’intéressent pas : un 4*4 s’est arrêté et s’approche à quelques mètres mais l’ours ne lève pas même la tête.

Nous repartons car la route est encore longue. Comme nous longeons par moment la rivière, nous apercevons une plage de sable et hésitons à nous y arrêter pour la nuit… finalement nous décidons de continuer encore un peu. Sage décision car 500m plus loin, en pleine descente, un ours nous coupe la route et traverse devant nous. A notre vue, il s’arrête en plein milieu de la route. Afin de ne pas trop s’approcher, nous dessinons une courbe et profitons de notre élan pour faire demi-tour au plus vite. Une fois à une cinquantaine de mètres, nous nous arrêtons pour l’observer : il est de bonne taille et brun, mais ses oreilles et l’absence de bosse sur son dos nous font dire que c’est encore un ours noir. Il se remet en marche et traverse l’autre voie. Par chance, la voiture qui arrive en sens inverse s’arrête à temps ! Puis il grimpe sans souci le talus bien raide, jusqu’à disparaître dans les branchages.
Cette fois-ci c’est sur, nous allons faire les 96km et nous dormirons au camping, d’autant plus que nous n’avons pas de bombe à poivre pour nous défendre s’il nous charge.
Mais ce n’est pas tout pour aujourd’hui ! A 1 km de notre arrivée, nous voyons le troisième ours noir en moins de deux heures, un jeune cette fois, en train de manger des baies à quelques mètres de la route ! Quelle journée !
A peine nous posons le pied à terre dans le camping qu’un nuage de moustiques nous entoure. On nous avait pourtant prévenus mais nous ne pouvions pas imaginer qu’il y en ait autant ! Le montage de la tente est un cauchemar et nous allons nous réfugier à plusieurs reprises dans les toilettes pour respirer un peu. Ils piquent malgré le produit et à travers les habits, l’horreur. Nous mangeons donc dans la tente, à peu près à l’abri et filons ensuite vite nous coucher !!

Mercredi 10 Août :

Alors que nous prenons notre petit déjeuner, de nouveaux voisins arrivent et parlent français. Nous engageons la conversation. Hugues et Alexandra vivent à Kamloops (250km plus au sud sur notre itinéraire). Hugues est français et habite au Canada depuis 2007 et Alexandra est Haïtienne et vit depuis l’adolescence entre Canada et Etats-Unis. Ils sont très sympathiques et nous invitent à partager leur « tente moustiquaire pour table » ce qui nous permet d’être à l’abri de ces maudits vampires.

Nous partons ensuite ensemble au lac du village qui est plutôt petit (et donc chaud). La promenade est l’occasion d’en apprendre un peu plus : Alexandra est oncologue et Hugues travaillait dans le reclassement des handicapés mais se lance dans de nouvelles études pour faire professeur de Français.
C’est notre première baignade au Canada ! Quel plaisir.

Lors du diner, nous avons une bonne surprise, Alexandra est une passionnée de cuisine et prépare quelques raviolis chinois au porc et aux crevettes faits maison, suivis d’un bœuf Bourguignon, un régal.

Alexandra et Hugues nous invitent finalement à passer dormir chez eux à Kamloops, l’adresse est prise.

Jeudi 11 Août :

Lorsque nous parcourons nos premiers kilomètres ce matin, nous apercevons une pancarte « World Famous burger à 20km » Waouh nous savons où nous allons manger !
Malgré les avertissements que l’on nous avait faits sur les pancartes de pub rabatteuses ici, nous ne nous méfions pas et filons vers ces sandwichs merveilleux. Une fois arrivés, malgré un décor digne de la route 66, avec voiture d’époque et déco country, le sandwich est tout juste correct… et sans frites. Quelle déception !

Nous essuyons de la pluie dans l’après-midi et ne pouvons pas faire une pause sans être envahis par les moustiques… il est temps d’arriver car ce n’est pas très agréable. Nous trouvons un camping sur Birch Island.

Vendredi 12 Août :

Aujourd’hui encore, c’est sur le coup des 16h que nous quittons le camping. Notre pneu arrière est en train de lâcher et nous l’avons donc mis à l’avant. Deux rayons se sont également cassés durant l’étape d’hier et nous devons les remplacer avant de repartir, puis dévoiler la roue arrière.
Nous ne pourrons pas tenir comme cela pendant longtemps, nous avons donc profité d’internet pour commander deux nouveaux pneus, que nous nous ferons livrer dans une poste restante, d’ici quelques jours.
Nous partons sous un soleil de plomb, et malgré l’heure plus que tardive. Nous roulons jusqu’à Clearwater où nous nous arrêtons pour remplir les stocks et se rafraichir avec une petite glace. Le reste de l’étape est studieuse et nous nous arrêtons vers 20h30, croyant avoir trouvé un camping. Mauvaise surprise : tout est en travaux, il y a des engins de partout et tous les robinets sont coupés. A cause de nos amis les ours, nous préférons malgré tout rester là pour la nuit. Nous trouvons un bâtiment avec des toilettes et une douche, parfait. Nous retournons au vélo chercher notre serviette et quand nous revenons, deuxième mauvaise surprise : quelqu’un a fermé le bâtiment pendant ce temps, et nous n’avons donc plus d’eau.
Après un cours instant de paranoïa, à se demander si quelqu’un nous a vu, et pourquoi ne nous a-t-il pas parlé, nous décidons de ne pas trop se préoccuper, et d’installer notre campement. La nuit se passera sans soucis.

Samedi 13 Août :

Ce matin, nous sommes levés tôt pour la longue étape qui nous attend. Nous n’avons plus d’eau. Nous nous arrêtons donc dans la première ville pour faire le plein et en profitons pour manger un petit hamburger, de quoi tenir jusqu’à notre pause pique-nique !
Alors que nous repartons, nous entendons un gros bruit à l’arrière. La roue de la remorque s’est arrachée et le coffre frotte parterre ! L’attache rapide s’est un peu tordue, mais cette mésaventure est due avant tout à un défaut de conception… Il nous faudra trouver une solution à Kamloops car ça pourrait être dangereux.
On nous avait prévenu, en allant sur Kamloops, nous devons trouver une régions très sèche et très chaude. On ne nous a pas menti et la sècheresse se manifeste bien par de grands incendis..

Après une cinquantaine de kilomètres, nous nous arrêtons près d’un hangar qui vend des fruits de la région. En plus il y a des tables de pique-nique, parfait !
Un cycliste vient discuter avec nous et nous déconseille fortement de continuer sur la même route. Un bateau gratuit permet de traverser la rivière et la route de l’autre côté n’est que très peu fréquentée. Nous n’hésitons pas et partons sur l’autre rive. Le relief est un peu plus dur mais au moins nous sommes au calme.

Nous voyons des animaux inattendus : un cerf en train de manger tranquillement dans un champ cultivé mais surtout : un lama !! Ca faisait longtemps !

Il fait une chaleur écrasante et nous nous arrêtons à l’ombre pour se remettre de la crème solaire. Quelqu’un nous lance alors : c’est « Happy Hours », venez ! Nous ne prendrons que de l’eau bien fraiche, avec quelques glaçons et un petit drapeau Canadien. Nous nous faisons inviter à planter la tente ici mais Alexandra et Hugues nous attendent ce soir à Kamloops.
Nous repartons et les derniers kilomètres nous semblent interminables. Les villes sont très étendues vu qu’il n’y a que très peu de constructions en hauteur. La rue qui mène à leur appartement est la plus raide ! Mais nous sommes enfin arrivés et nous étions attendus avec… des crêpes, MIAM !

Dimanche 14 Août :

Quel plaisir de commencer la journée par un vrai bon petit déjeuner ! Chocolat chaud, tartines grillées, beurre (le luxe), confiture, Nutella… Surtout après une nuit dans un vrai lit, avec de bons coussins, la première depuis longtemps !
Alexandra et Hugues nous amènent ensuite dans un magasin d’outillage pour régler notre souci de la roue de la remorque qui « s’arrache » alors que nous sommes en train de pédaler !
Puis nous partons en repérage de notre étape de demain. Il faut dire que les voitures roulent assez vite sur les autoroutes et que nous aimerions prendre « un itinéraire bis ». Nous nous arrêtons à un très beau point de vue sur le lac de Kamloops, avant de repartir en direction de la ville avec notre itinéraire en tête. Les estomacs se sont creusés et une fois encore Alexandra et Hugues assurent : ils nous invitent à manger un super burger, le plus gros et le meilleur depuis notre arrivée au Canada ! Avec ça nous avons mangé pour la journée !
Pour digérer, nous passons une partie de l’après-midi à jouer au Jungle Speed. Nous avons également récupéré quelques films et nos hôtes nous ont offert des écouteurs pour qu’on puisse se regarder ça le soir dans la tente.
Alexandra étant médecin, et compte tenu des dernières semaines difficiles pour notre estomac en Amérique du Sud, elle nous fait le plein de tout ce dont nous allons avoir besoin en Asie. Nous voilà prêts à affronter les plats typiques (mais pas trop quand même !)
Nous finissons cette excellente journée devant un petit film, avant de filer se coucher.

Lundi 15 Août :

C’est avec un petit pincement au cœur que nous quittons Alexandra et Hugues ce matin. Nous serions bien restés mais le tandem nous attend, et il est temps pour nous de repartir. Nous nous donnons donc rendez-vous en France l’été prochain.
La sortie de Kamloops n’est pas des plus facile… nous devons grimper une longue côte de plusieurs kilomètres et elle est bien raide ! Nous la passons finalement sans trop de difficultés et entamons la descente vers le lac de Kamloops. Nous réalisons alors que nous avons de nouveau crevé la roue de la remorque, et notre chambre à air de rechange n’est pas réparée… Nous faisons donc une pause le temps de réparer les deux chambres à air, puis nous repartons.
Mais nous avons un deuxième petit souci technique : la sacoche avant fait une fois de plus des siennes et une des vis a cassé. Pour éviter d’avoir à vider la remorque pour accéder aux pièces de rechange, nous décidons de chercher un camping rapidement, d’autant plus qu’Olivier ne se sent pas en super forme. Nous nous arrêtons à l’autre extrémité du Lac pour passer la nuit, après une petite après-midi de 50km.
Argentine ? Non, Canada…

Le lac de Kamloops :

Mardi 16 Août :

Olivier n’étant pas vraiment en forme, nous restons pour la journée. L’ambiance est très sympa, et nous faisons la connaissance entre autres, d’une famille de Polonais qui habitent Vancouver.

Levé de lune sur le lac :

Mercredi 17 Août :

Nous chevauchons de nouveau notre monture en direction de Cache Creek. L’étape est laborieuse : un fort vent de face, des montagnes russes et finalement la pluie ne nous facilitent pas la tâche !
Le paysage n’a rien d’extraordinaire, tout est très sec et sans grand intérêt.

Nous trouvons un camping plutôt sympa dans lequel nous établissons notre campement pour quelques jours, le temps qu’Olivier reprenne des forces. Nous attendons également nos nouveaux pneus qui ne sont toujours pas arrivés, affaire à suivre !

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