From 3 roues vers le monde

Recit: Namtha

Le parc national de NamTha : Luang Nam Tha - Oudomxay ( 30 Mars – 3 Avril )

Lorsque nous parcourons les villages Laotiens les uns après les autres, nous réalisons que le Laos est le pays le plus pauvre que nous ayons traversé durant notre voyage, avec la Bolivie. Et effectivement, le Laos fait partie de la liste des pays les plus pauvres au monde. Pour autant, on ne peut pas dire que les Laotiens sont des acharnés de travail ! Ici, tout va au rythme Laotien. Nous sommes toujours étonnés de voir tant de monde paisiblement assis dans les villages. De voir une personne en train de tresser un panier, et 4 autres autour en train de regarder. De voir principalement des femmes aller au champ pendant que certains hommes jouent aux cartes ou à la pétanque. Il y a des restaurants dans chaque village mais dans 90% des cas, ils ne veulent pas nous servir à manger... Nous cuisinons nous-mêmes ou nous nous contentons de riz froid…

Vendredi 30 Mars :

Aujourd’hui c’est repos à Luang Nam Tha. Nous en profitons pour choisir le trek que nous allons faire durant les deux prochains jours. Les agences d’éco-tourisme ne manquent pas et nous avons l’embarras du choix, surtout que nous sommes plutôt en saison creuse.
Le temps de nous décider, nous partons au marché. Depuis notre arrivée au Laos, nous n’avons vu aucun supermarché ou magasin digne de ce nom. Le marché est pour nous la seule opportunité de trouver de la nourriture un peu diversifiée, c’est-à-dire autre que des œufs et du riz ! Et effectivement, nous trouvons des carottes, des courgettes, des prunes, des bananes, des pates, et même du pain de mie. Bon les étals de viande recouverts de mouches sous 35°C ne nous inspirent pas vraiment… Et tout au fond, les étals plus mystiques avec toutes sortes d’animaux morts de la forêt, des écureuils et d’autres bien plus gros, des sortes de rats séchés pour le bouillon de la soupe, des grenouilles encore vivantes avec un pic planté au milieu du corps, beurk !
Et puis il y a les étals de plats cuisinés mais ça ne fait pas rêver… du bambou, du gras de porc frits… le Laos, niveau cuisine, ce n’est pas la Thaïlande !

Samedi 31 Mars :

Nous partons pour le tour guidé de 2 jours que nous avons choisi hier: un jour de trek dans la jungle et un jour de kayak sur la rivière Nam Tha. Tout commence plutôt mal, nous partons en retard, devons passer au marché acheter des provisions car rien n’est organisé. Ceci dit on peut au moins choisir ce qu’on va manger !
Ensuite nous partons en voiture jusqu’au départ du trek dans un village typique Khamu… Nous arrivons dans un village que nous avons déjà traversé en vélo. Ca enlève tout de suite de l’intérêt. D’autant plus que les villageois ne nous regardent pas du même œil que lorsque nous étions avec notre vélo et sont plutôt très froid. En plus, nous nous rendons compte que notre guide parle aussi bien Anglais qu’une vache Auvergnate… ce n’est pas lui qui va nous en apprendre davantage.
La randonnée de 5h dans la jungle est intéressante… la première heure ! Nous sommes au milieu d’une belle végétation typique mais il n’y a rien de spécial à observer : pas d’animaux, pas même un oiseau (on les entend mais on ne les voit pas), pas de point de vue.

A midi, c’est pique-nique. Heureusement, nous sommes également accompagnés d’un guide local Khamu qui met un peu d’exotisme. Il nous taille des baguettes en bambou pour que nous puissions manger et part chercher une énorme feuille qui nous sert de nappe.

Nous mangeons du bambou, de deux sortes différentes : ça c’est fait, on n’aura au moins plus jamais besoin d’y gouter ! Accompagné du traditionnel « sticky rice », du riz tout collé et froid qu’on mange avec les mains en le trempant dans une sauce épicée, et d’un petit bout de poulet.
La suite du tour c’est une nuit chez l’habitant dans une tribu Khamu…C’est le genre d’endroit que nous fréquentons tous les jours…

Nous réalisons en fait que le gros point fort de ce tour c’est de montrer le véritable Laos, celui des villages de montagne, mais le voyage à vélo nous montre déjà tout ça, puissance dix ! Les touristes « normaux » vont en bus, de ville touristique en ville touristique sans jamais croiser ces personnes et sont donc super ravis par ces tours. Nous, nous sommes plutôt déçus.
C’est quand même l’occasion de vous en dire un peu plus sur la vie dans ces villages. Tout est organisé autour de la rivière. D’ailleurs, en fin d’après-midi, la moitié du village y passe. Certains viennent y remplir de l’eau, d’autres viennent se laver, faire la lessive, nettoyer les aliments. Rares sont les habitations avec l’eau courante, du coup qui dit village dit rivière.

Les enfants ne semblent définitivement pas être une priorité pour les parents et sont parfois dans des états de saleté impressionnants. Il faut dire qu’ils jouent dans la poussière toute la journée. Nous en voyons régulièrement sans habits et avons même vu un petit garçon de 4 ans environ, rentrer du champ nu avec un panier rempli sur le dos. Ils sont la plupart du temps livrés à eux-mêmes, ou à leurs frères et sœurs. On voit des petits de 4 ou 5 ans, porter sur leur dos leur frère ou sœur d’un an. Ils jouent sur la route, où passent à toute allure d’énorme semi-remorque, et ça ne semble inquiéter personne. Dès petits, ils rentrent de l’école à pied sur plusieurs kilomètres et nous les croisons parfois sur la route, seuls, loin des villages. A 3 ans, ils vont déjà se laver seuls dans des rivières où ils n’ont même pas pied. C’est impressionnant.

Voilà la maison dans laquelle nous passons la nuit :

Point fort tout de même, nos hôtes cuisinent notre repas du soir, c’est beaucoup de travail pour eux, et ça nous permet de tester différents plats Laotiens. Nous ne sommes pas fans, mais ça c’est une question de goût et c’est donc nous qui sommes « difficiles ».

Dimanche 1er Avril :

Ce matin, pour le petit déjeuner, du riz, des grenouilles entières et par chance, une omelette avec des choses suspectes à l’intérieur. Et honnêtement, les regarder faire des boulettes de riz entre leurs doigts dès le réveil, et avaler ces têtes de grenouilles, ça ne met pas du tout en appétit. Pour accompagner tout ça : un verre d’eau chaude…

Le kayak nous attend et là encore le contenu est plus que léger. Lorsque la voiture vient nous chercher, il est déjà 10h, ce qui réduit pas mal le temps que nous allons passer sur l’eau. Et avec un guide qui ne sait dire que quelques onomatopées du genre « youhou » « wahou » « hi » « yeah » « no monkey » « no rain », nous n’en apprenons pas plus. Et la descente au milieu de paysages « sans plus », sur une rivière bien sale qui sert à tous les villages alentours est plus que lassante. Heureusement, quelques villageois sont là pour nous divertir.

Bref ce soir nous en avons fini avec ce trek et avec le « sticky rice » !

Lundi 2 Avril :

Avant de nous mettre en route, nous passons au marché histoire de faire quelques approvisionnements. Nous savons que nous avons deux jours de vélo au milieu des petits villages Laotiens et des tribus locales avant la prochaine grande ville. Et on ne nous aura pas deux fois ! Le riz à l’omelette, ça suffit… Nous partons donc avec un régiment de bananes, quelques légumes, du pain de mie, du lait de soja, du riz et des « pates ». Et rapidement, nous nous retrouvons au milieu des villages typiques. Les mêmes maisons, faites de bambous tressés, montées sur des piliers de bois.

Les enfants qui nous font coucou, nous crient « bye bye » ou « sabaidii », se mettent en ligne au bord de la route et nous tendent la main pour qu’on se tape dans la main.
La journée dévoile aussi des kilomètres et des kilomètres de champs et de forêts brulées ou en train de bruler. Un paysage bien désolant… et une fumée bien noire qui monte dans le ciel et épaissit le voile brumeux.
Comme prévu, une fois nos 75km de vélo avalés, rien à l’horizon si ce n’est de petits villages… nous tentons de camper au milieu de l’un d’eux mais nous essuyons un refus, à vrai dire on n’est même pas sûrs qu’ils aient vraiment compris la question. Ce n’est pas grave, on sera plus au calme dans un champ !
Mais avec du monde partout, le champ au calme n’est pas facile à trouver. Bien que l’endroit ne soit pas idéal, nous trouvons un coin abrité de la route par une butte et nous plantons la tente pour la nuit, ça fera l’affaire !

Mardi 3 Avril :

Ce matin nous sentons le poids des années… Nous sommes tout courbaturés ! Ca doit être le contre coup du trek, du kayak et de la grosse journée d’hier avec une nuit de camping…

Notre difficulté est donc avant tout de remuer nos grandes carcasses. Nous avons un bon col à passer mais ici, les pentes sont régulières entre 5 et 8% maximum. Rien à voir avec les routes de la peur Thaï à 16%. Du coup, nous faisons notre chemin jusqu’au sommet que nous atteignons dans une fumée atroce.

Jusqu’à présent, nous voyions des feux de taille moyenne brûler une colline ou un champ mais aujourd’hui, c’est tout autre. Il y a du vent, et la situation est en train de dégénérer en véritable incendie. Les flammes au milieu du champ d’herbes sèches se propagent à vitesse grand V dans plusieurs directions et notamment dans notre direction !
Nous nous trouvons au milieu d’un village, sur les hauteurs de la montagne, et nous voyons un énorme mur de feu, de plusieurs dizaines de mètres de long et de plusieurs mètres de large, avancer vers nous et surtout vers le village… Une forêt bien verte sépare malgré tout le feu du village mais voilà qu’elle s’embrase à son tour. De grosses cendres nous tombent dessus, la fumée s’épaissit, tous les villageois sont dehors et contemplent ce spectacle mais personne ne bouge, c’est incroyable !

Nous préférons partir avant de ne plus rien y voir…

C’est dans cette atmosphère, vraiment inquiets pour le village que nous atteignons Udomxai, une ville aux influences bien Chinoises, où nous passons la nuit.

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