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Recit: VangVieng

Les véritables montagnes Laotiennes : Luang Prabang – Vang Vieng ( 10 - 14 Avril )

On nous l’avait dit et on ne nous avait pas menti. Cette partie est réputée parmi les cyclovoyageurs comme étant la plus belle ! La route serpente au milieu des montagnes majestueuses, les pics apparaissent les uns après les autres, toujours plus abruptes, et sont enroulés dans une fine brume, ce qui rend l’atmosphère quelque peu mystique.
Toujours ces mêmes villages Laotiens, authentiques, bien qu’un peu plus habitués aux « Falangs ». Et les enfants qui nous accueillent dans chacun des villages !

Mardi 10 Avril :

Est-ce l’orage de cette nuit qui a nettoyé le ciel, peut-être, mais en tout cas, le ciel est bleu et la vue est parfaitement dégagée. Nous traversons des paysages de toute beauté avec des montagnes impressionnantes, une belle végétation, quelques cocoteraies et de nombreuses plantations de bananiers.

Après 25km, se trouve la première difficulté : un col de 800m de dénivelé, culminant à 1100m. Mais heureusement, la pente est bien calculée et assez régulière.
Alors que nous sommes en pleine ascension, nous entendons un bruit sur notre droite… à moins de deux mètres de nous se trouve un iguane d’un mètre environ, en train d’escalader une paroi verticale. C’est magnifique !
Au sommet nous avons une vue bien dégagée sur les différentes vallées qui nous entourent. Et un cochon, qui s’est coincé la tête dans une boite de conserve, tourne en rond au milieu de la route. Il a de la chance, il est tombé sur son ange gardien, Olivier, qui après quelques secondes de bataille, arrive à lui retirer la boite qui était quand même bien coincée !!

Nous redescendons dans l’une des vallées, mais ce n’est que pour mieux remonter.
Au point le plus bas de la cuvette se trouve un village : forcément, il y a une rivière. Nous nous y arrêtons. Nous ne savons pas encore bien si c’est pour y passer la nuit ou juste pour manger. Nous trouvons une petite épicerie avec une table et surtout avec une Laotienne adorable. Nous lui achetons du riz déjà cuit pour faire une salade de riz, et comme elle nous a vu arriver en vélo, elle nous donne des bananes pour la route.
Dans son magasin se trouve un iguane, accroché par une ficelle. Il n’a pas l’air très bien en point. Elle nous explique qu’ils vont le cuisiner en soupe, et que ça a le goût de la crevette !

Après un bon repas, nous voilà motivés pour repartir. Unes ascension de 1000m, nous menant au sommet situé à 1400m nous attend cette fois. C’est reparti, nous alternons : Olivier en danseuse, puis Audrey, puis Olivier. Ensemble dans les rampes les plus raides.

A mi-chemin quelques routiers sont arrêtés dans un village abandonné. Les hommes font des allers-retours à un ruisseau pour asperger les freins avec des sceaux d’eau fraiche, pendant que leurs femmes se lavent et lavent quelques vêtements.
L’endroit est parfait pour camper, et une fois les camions partis nous pouvons nous laver à notre tour et dormir caché dans une ancienne hutte.

Mercredi 11 Avril :

La nuit a été horrible. Le trafic n’a pas cessé de toute la nuit et comme nous avons dormi à un mètre de la route, dans une cabane en bambou, en pleine sortie de virage, et en pleine côte, le bruit du balai de semi-remorques ne nous a pas laissé de répit.
Dès le soleil levé, c’est une toute autre chanson ayant pour unique parole « Falangs »… ce sont les habitants du village qui descendent au champ et qui nous ont bien repéré !
Alors que nous sommes en train de prendre le petit-déjeuner, une femme entre dans la case avec sa mère, un bébé dans le dos et une petite fille qui ne porte qu’une seule chaussure. Nous pensons que nous sommes dans leur case et leur demandons si elles veulent que nous partions mais non, ce n’est pas ça. La mère nous montre sa fille, puis la nourriture. Audrey prépare donc une tartine pour la petite mais la mère nous dit « non, non, non, pas ce pain, l’autre ».
L’autre est rassit… Donc on donne la tartine à la petite, et tout le monde part en rigolant, sans dire merci. Pour dire vrai, on a dû mal à les cerner ces Laotiens… S’ils ont besoin de nourriture, pourquoi ne pas en demander plus, plutôt que de faire la fine bouche ? Est-ce qu’ils savent qu’ils peuvent demander n’importe quoi à un « Falang », qu’il ne dira pas non et du coup, c’est plus un jeu qu’autre chose ? Le fait de ne pas parler la langue met une barrière vraiment énorme !

Bref, cela ne nous empêche pas de nous mettre en route. Nous continuons l’ascension pendant encore 12km, et avec la journée d’hier dans les jambes, ce n’est pas si facile. Nous atteignons finalement les 1400m d’altitude, d’où nous profitons d’une vue magnifique sur la vallée et les montagnes alentours.

Le reste de l’étape oscille entre 1000m et 1400m, ce qui fait de belles ondulations et ne nous laisse aucun repos. Par contre, nous traversons de nombreux villages Laotiens comme on les aime, authentiques, traditionnels. Les enfants se précipitent pour nous regarder passer, courent à côté de nous, nous font coucou, nous tapent dans la main.

C’est dans l’un de ces villages que nous nous arrêtons manger. Maintenant, nous sommes bien organisés : nous nous arrêtons toujours à côté d’une fontaine. La grande majorité des villages que nous traversons sont financés par des dizaines voire des centaines de pays étrangers différents et bien souvent il y a quelques fontaines où les gens viennent se laver et laver leur linge (quand il n’y a pas de rivière qui traverse le village).
Nous trouvons une petite épicerie bien souvent avec une table, où nous achetons du « sticky rice » et des boissons fraiches. Puis nous cuisinons nos légumes du marché, histoire de diversifier un peu ! Comme souvent, un attroupement d’enfants se crée autour de nous. Au lieu de leur donner des bonbons, nous leur coupons des rondelles de carottes crues. Nous voyons bien qu’ils ne savent pas du tout ce que c’est. Mais comme ils nous voient croquer dedans, ils nous imitent… et leurs grimaces après les premières bouchées nous font bien rire ! Ils mangent malgré tout leur bout de carotte jusqu’à la fin !

Vers 16h30, nous nous arrêtons faire des provisions d’eau en prévision de notre nuit de camping sauvage. Un jeune nous accoste et nous invite à partager son repas avec une de ses amis. C’est une soupe avec des morceaux de poissons et les fameuses algues qu’on les a vus ramasser tant de fois dans la rivière. C’est assez original et bon.
Puis ils nous disent qu’on peut dormir ici. Comme on avait prévu de camper pas trop loin, on leur propose de mettre notre tente devant leur maison. De toute façon, ici que ce soit des maisons en bambou ou en parpaings, c’est une seule pièce à l’intérieur avec parfois un sol en terre, des nattes posées à même le sol ou surélevées de quelques centimètres qui servent de lit, une télé, et oui, et un feu de bois à même le sol, qui sert à cuisiner. Ici, c’est encore un cran en dessous des villages traditionnels que l’on visite lors des treks : il n’y a pas de toilettes, il faut aller dans le bois. Les mères lavent leur bébé au milieu de la nationale en leur versant des seaux d’eau froide dessus : c’est un des rares endroits revêtus et donc sans poussière ! Ca fait un choc !
Nous sommes donc avec nos hôtes, en train d’essayer de discuter quand ils nous demandent de leur acheter des bières. Pas de problème, sauf quand ils en ramènent 5L qu’ils nous demandent de payer au prix fort, en rigolant. Nous achetons quelques bouteilles, puis partons vite à la fontaine faire la queue pour nous laver avant qu’il ne fasse trop froid.
Notre hôte nous propose ensuite de nous faire visiter le village. Nous allons chez sa sœur, qui vit dans une petite hutte en bord de route avec son mari et deux enfants en bas âge. Les murs sont noircis par le feu qui leur sert à cuisiner. Ils mangent tous, assis par terre, sur une natte de 2m² qui leur sert également de lit. Au menu de ce soir : bambou et riz… rien de bien salivant. Les petits picorent ici et là.
Puis nous continuons la visite. Alors que nous sommes chez son cousin, une personne, que l’on nous présente comme un policier, arrive. Il nous dit que nous ne pouvons pas camper pour notre propre sécurité et que nous devons soit dormir chez quelqu’un, soit quitter le village. Pongtone, notre hôte, nous dit que nous pouvons rester chez lui, sans aucun souci, mais que nous devons retourner chercher le vélo. Il nous explique que les policiers sont ennuyants et qu’ils leur manquent souvent de respect.
Lorsque nous revenons là où nous avons mangé, le fameux policier est là et nous demande nos passeports. S’en suit toute une mascarade d’au moins une demi-heure où il écrit dans un carnet, rigole avec notre hôte, lui demande de signer un papier, copie nos identités, nous demande de signer des documents écrits en Laotien, ce que nous refusons. Tout ça pour au final, nous demander de payer pour avoir le droit de rester dans le village. On en a plus qu’assez, on récupère nos passeports, nos affaires et on part alors qu’il fait nuit noire depuis déjà 3 heures.
Etait-il vraiment un policier ? Essayait-il de mettre de l’argent dans ses poches ? Est-ce vraiment la loi ? Notre hôte était-il vraiment sincère ou essayait-il de nous soutirer lui aussi de l’argent ? Peut-être s’étaient-ils mis d’accord ? Se sont-ils moqués de nous ? Tout nous semble vraiment bizarre… On ne sait pas quoi croire…
Toujours est-il qu’en pleine nuit, nous sommes sur une route en état moyen, crevés par notre journée et nous devons trouver un endroit pour camper, et abrités car nous ne voulons pas prendre le risque de nous faire déloger une seconde fois
Après quelques kilomètres, nous apercevons un gros bosquet de roseaux. Olivier en écrase quelques uns, juste assez pour y mettre la tente et nous nous installons sans plus tarder.

Jeudi 12 Avril :

Finalement la cachette trouvée au milieu des roseaux n’était pas si mauvaise, personne n’est venu nous déranger et nous avons bien dormi.

Qu’en pensez-vous ?

On est bien ici!

Nous partons la fleur au fusil car aujourd’hui pas de grosse côte prévue ! Mais même si elles ne sont pas prévues, elles sont bien là et les 40 premiers kilomètres sont éprouvants. En plus, l’état de la route se dégrade quelque peu.
Le décor est toujours aussi magnifique, et les points de vue multiples. Ce tracé est une véritable route des crêtes à l’atmosphère unique. Nous sommes vraiment emballés.

Nous plongeons ensuite de 1000m vers les plaines de rizières. Nous sommes impressionnés de voir lors de notre parcours, que sur des centaines et des centaines de kilomètres, le Laos est une enfilade de villages traditionnels. En 800km parcourus jusqu’à présent, nous n’avons vu que 3 villes « en dur ». Nous nous disons que ça ne durera pas pour toujours et que c’est une chance d’être dans ce pays.
Nous nous arrêtons dans l’un des villages regarder les hommes jouer à la pétanque, le bébé sur le dos ! Les enfants n’ont pas l’air en très bonne forme, notamment une petite fille qui a l’œil tout infecté. Nous donnons à son père des gouttes pour nettoyer les yeux mais est-ce suffisant?

Nous descendons entre des montagnes toutes plus impressionnantes les unes que les autres.

Notre arrivée dans la plaine est accueillie par une petite tempête avec des trombes d’eau. Nous nous abritons sous une maison pour laisser passer le plus gros puis repartons sous une petite pluie jusqu’à Kasi où une guesthouse nous permet de nous reposer de nos émotions.

Vendredi 13 Avril :

On dirait que la chance a tourné car depuis la roue libre cassée à Adélaïde, nous avons parcouru 2000km sans rien casser ! C’est un record. Alors ce vendredi 13 nous effraie un peu !
En plus le revêtement est défoncé et de multiples sections en sont carrément dépourvues. Nous prenons de la vitesse sur les belles portions, puis arrivons trop vite sur la portion de graviers qui suit et devons piler… Le matériel souffre mais tient bon. Les montagnes sont toujours aussi abruptes.

A l’heure de se ravitailler, nous tombons sur des farés en bord de rivière. C’est l’endroit rêvé pour se cuisiner un petit remontant.

C’est le nouvel an Laotien aujourd’hui. La tradition, qui consistait à verser un peu d’eau à la main sur les gens durant les trois jours de fête a dégénéré avec les années. Le pays se transforme désormais en bataille d’eau géante. Le long de la route, enfants et adultes jettent de pleins seaux d’eau sur les voitures, les mobylettes, les tuk-tuks… et sur nous.
Le petit jeu dure déjà depuis 6 jours, mais aujourd’hui c’est le jour ‘J’. Parfois nous sommes amusés et parfois moins. Il faut dire qu’en général ils sont entre 5 et 10 personnes répartis sur 3m de long avec chacun un seau, à raison d’un « stand » tous les 20m. Contrairement aux mobylettes un peu plus rapides, ils ne nous ratent jamais et ont bien le temps de nous voir arriver, de remplir leur seau et d’ajuster le tir. Donc tous les 20 m on reçoit entre 10 et 40L d’eau dans la tête dans le meilleur des cas, ou de colorant dans le pire des cas. Imaginez notre état après la traversée d’un village de 2km, et après une journée de 75km, avec la poussière de la route défoncée en prime…
Et le moins marrant : nos affaires dans nos sacoches arrières qui ne sont pas étanches. Toute la journée, nos pieds font « flokflok » dans les chaussures… Notre humour a des limites et là, nous en avons vraiment assez. Du coup, nous ralentissons à leur approche en faisons non avec le doigt et en montrant le point fermé genre « si tu me mouilles tu t’en prends un ». Ca marche à peu près même si Olivier s’est lancé dans quelques courses poursuites!

Après avoir franchis les 14 000 km, nous arrivons à destination à Vang Vieng.

Une ville avec une réputation qui ne fait pas rêver. Voici ce qu’on en a entendu : c’est le repère des touristes de 20 ans Américains et Australiens, qui viennent ici majoritairement pour boire et arrivent à se noyer dans la rivière. Ils la descendent en bouée et comme il y a une multitude de bars tout au long de la rivière…

D’un premier coup d’œil, la ville vaut sa réputation. Elle est bruyante, sans intérêt et pour accompagner le tout, les touristes aussi nous jettent des seaux d’eau, il faut bien s’occuper... C’est une énorme pagaille, tous les gens, Laotien en tête, sont saouls, il y a énormément de monde. Bref, on ne s’y sent pas très bien !

Samedi 14 Avril :

On se dit que descendre la rivière en bouée, par une chaleur pareille est une bonne journée de repos.
Nous nous accordons donc une journée complètement inutile, pas de beauté de la nature, pas de culture, pas d’efforts, nous nous laissons porter par le courant, et nous nous trempons régulièrement pour nous rafraichir. Quoique ce n’est pas toujours nécessaire puisque les Laotiens ne lâchent jamais le morceau. Par endroit ils forment de véritables barrages et nous versent des seaux d’eau sur la tête, à tel point qu’on arrive à boire la tasse en restant sur la bouée…
Nous ne faisons escale qu’à un seul bar, et il y a une sacrée ambiance. Lianes de tarzan, toboggans-tremplin, poutre de joutes au dessus de l’eau et autres plongeoirs sont divers moyens proposés par les bars pour filer à l’eau. Au final, le courant n’est pas bien fort et nous devons nager un long moment pour arriver au point final avant la fermeture et surtout avant la nuit !

Demain, nous attaquons la dernière étape Laotienne.

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